
Le Poitevin nouveau pourquoi ? Tout simplement parce que bien avant la révolution de 1789 la race poitevine existait déjà. Les Poitevins que nous connaissons aujourd'hui ont été « fabriqués » au milieu du 19èmè siècle par un veneur de la Vienne habitant le château de la Brulonnière sur la commune de Persac. Il s' agit du vicomte Emile Laurent de la Besge 1812-1905. Certainement un des plus grands sinon le plus grand veneur de loup que la France ait connu. Les premiers Poitevins qu'utilisait Emile de la Besge étaient ni plus ni moins issus de la fameuse race de Larye créée on ne sait très exactement par quel biais...ni par quelle alliance de races et de » produits locaux ».Bien que Mr le Couteulx de Canteleu lui attribut la nationalité écossaise, le vicomte de Larye était soit-disant Irlandais et pour certains aurait importé des chiens d'Irlande qu'on appelait Chiens du Nord et les aurait accouplés avec des lices du Limousin et du Poitou. Pour d'autres un peu plus précis, les Talbot Anglais auraient fait alliance avec les chiens Céris. Cette dernière version semble assez plausible car la famille Larye était alliée aux de Ceris. C'est avec ces premiers Poitevins, en vérité les premiers Anglos connus avec lesquels chassa le vicomte de la Besge. Avant de vous entretenir des Poitevins 1950 et des suivants, voici extraits de la thèse vétérinaire de Mr Gerard Larcher (président du Sénat) quelques propos de Mr de la Besge concernant ce qui avait été le Poitevin ''d'avant ''1842 (ou presque car les races évoluent toujours quelles qu'elles soient). '' ...''Maintenant voici d'où sortent les chiens du Haut Poitou: Mr de La Gueronnière au retour de l'émigration prit chez Mr De Montemboeuf deux magnifiques chiennes blanches et les fit saillir chez Mr de la Borderie par le seul chien pur qui ait échappé de la race Larrye. Il éleva deux portées nombreuses et il en donna à mon oncle de Villars, son ami intime.Ces messieurs ont conservé les descendants avec le plus grand soins et lorsque je commençait à chasser, mon oncle me fit cadeaux de deux portées que j'élevai et qui réussirent parfaitement. Parmi ces chiens il y en avait naturellement des'' blancs et oranges '' et des tricolores. Je conservai ces chiens très purs jusqu'en 1942. J'avais alors une meute superbe et excellente; je la perdis presque toute par la rage...'' Courant les forêts du Poitou et du Limousin jusqu'en 1842, Mr de la Besge avait entre autres avec des amis loué une grande partie des espaces boisés de la Vienne et en particulier la forêt de la Moulière où se produit l'incident vers Juillet de 1941 qui l'obligea à tuer ses chiens atteints par l'épidémie de rage.''Jamais je n'aurai songé à mettre du sang Anglais, si en 1842, je n'avais perdu presque toute ma meute par la rage''...''Gaillard avait été mordu sept mois auparavant. Séparé pendant trois ou quatre mois, on le croyait indemne. Son excès la pris pendant la nuit. Il y a eu des batailles effroyables dans le chenil, presque tous les chiens avaient des morsures, il n'y avait pas à hésiter, je les fis tous abattre''. A ces trois chiens adultes viennent s'ajouter quelques trois ou quatre chiots qu'il confiait à ses fermiers pour les élever jusqu'à leur rentrée en meute et un elève de sept mois. Evidemment, chasser avec trois chiens, pour un veneur de sa trempe c'était un peu juste... Il confia alors à Mr Leon Bertrand ,directeur du « journal des chasseurs »la mission de lui ramener d'Angleterre six chiens Fox Hound qui ne firent que passer ne possèdant pas les qualités recherchées. Les deux meilleurs allaient racer chez Mr de La Débutrie en Vendée. A peu près dans le même temps son ami le comte Enguerrand de Pully qui possèdait quelque patrimoine en Angleterre lui ramena en cadeau un superbe et excellent Fox Hound du chenil du Duc De Rutland. Celui ci ''Foreigner'' très criant marchait à l'ajonc comme dans les prés. Mr de de Besge lui livra une de ses lices Tartane, dont je vais vous épargner une fastidieuse généalogie. De Foreigner X Tartane naquirent huit chiots dont Rochester et Talbot deux légendaires. Tels furent les pères et mères des premiers Batards du Poitou. Le vicomte, bien sûr, éleva des produits de Talbot et de Rochester . Parmi les produits de Talbot et de Turbulente se trouva une chienne remarquable, pure française, elle se nommait Fringante. Elle était d'un beau tricolore, une tête idéale , très vite et avait une finesse de nez incomparable. Elle fut plus tard accouplée à Traveller un autre anglais « Rutland » que le vicomte de La Besge se procura auprés de Mr Le Couteulx de Canteleu en lui échangeant Vaillant un quart de sang. De cette union naquirent entre autres Faublas et Fingal mais aussi Montjoie. D'après les dires de son naisseur''je crois bien que Faublas a été le chien le plus extraordinaire qui ait jamais paru...je lui ai vu prendre seul un grand loup au bout de six heures de chasse ayant reçu après trois heures un relais de chiens très vigoureux dont quatre de ses fils appartenant à Mr de Montbron puis à lui seul aussi deux grands louvards''. Je vous fais grace de la nombreuse descendance de ces trois chiens qui s'est rèpandue en Limousin Poitou et Vendée et par la suite essaimée sur tous les territoires où l'on chassait au chien courant. Jusqu'en 1906 cette sous race de batard du Haut Poitou très près du vieux sang français Larrye-Montemboeuf se rencontrait un peu partout dans les chenils les plus réputés de France. Depuis, bien sûr le Poitevin a évolué. Dans les années 1970 les chiens de Vouzeron-Sologne ceux du Rallye Combreux et ceux du docteur Guillet avec le Rallye Kéréo l se faisaient remarquer dans les différentes manifestations cynégétiques. Il est à noter que les Poitevin de Kéréol sont alors pour l'essentiel issus des nouveaux Billy de Mr Anthony Hublot du Rivault. Aujourd'hui , les débats sont dominés par le vautrait de Banassat. Bravo à cet équipage qui élève vraiment des chiens pétris d'élégance. Mais n'est ce pas un peu normal quand on élève plusieurs centaines de chiens ? Il serait d'ailleurs intéressant de connaître la cuisine et l'arrière cuisine de ce bel équipage. JC G.