En meute ! Ces termes ne sont plus bannis aujourd’hui par les porteurs de fusil, ce qui n’était cependant pas le cas il n’y a pas si longtemps. Notre société rurale refusait de voir s’installer sur ses territoires des meutes qui représentaient des us et coutumes ayant appartenus à une autre classe sociale. Aujourd’hui cet état d’esprit fait heureusement partie du passé, et pour longtemps il faut l’espérer…D’autres avant nous ont chassé avec des meutes à la fin du xixème et au début du xxè siècle en Haute Vienne, en Limousin et plus largement en France. Leur pratique fait aujourd’hui partie de notre patrimoine national, nous ne devons pas oublier que si nous chassons au chien courant aujourd’hui c’est grâce à eux. A propos des races qui existent aujourd’hui nous sommes créateurs de pas grand-chose, simplement tout au plus améliorateurs. Nombreux étaient en limousin et particulièrement en Haute Vienne les équipages donnant libre cours à leur loisir favori et les forêts de Fayat, Brigueuil, Châteauneuf, les Cars etc… raisonnaient des récris joyeux des meutes de chiens d’ordre. Les plus célèbres d’entre eux avaient pour nom de Montbron au château de Chauffailles sur la commune de Coussac Bonneval, de L’Hermite au château de Beaune à
Eymoutiers et qui d’ailleurs avait créé la fameuse race de Beaune que l’on n’a pas su conserver. Notons tout de même que de célèbre équipage tels ceux du comte de Beynac, les Monstiers-Mérinville, de Neuville, de Nexon, Jabet, Lajoux, Limousin de Neuvic un peu plus tard et bien d’autres qui pourraient allonger cette liste.
Comme à tout seigneur tout honneur voici une chasse qui s’est déroulée chez notre bien aimé président Alain Michel Demars ou du moins sur le territoire de la commune de Chateau Chervix, la forêt de Fayat propriété des Montbron dans les années 1900. Les lignes qui suivent ont été tirées du livre des chasses de l’équipage de Fayat et tenu par Mademoiselle de Ventot à l’époque bouton de l’équipage. En ce temps-là les chiens « Taupy » n’existaient pas encore, ils avaient été précédés par des chiens du même sang que celui de Persac dont vous aurez, pour ceux qui ne la connaisse pas, l’origine dans quelques jours.
Mardi 2 janvier 1906
En arrivant au rendez-vous aux Cluzeaux à 10 h 30 ; les chiens se rabattent sur une voie de bon temps et lancent presqu’aussitôt dans les enceintes des Gadavais un sanglier à son tiers an. L’animal pique sur Montaigut, gagne les Cluzeaux et débûche du Mas-Gandeix sur les bois de Rouffardie. Il saute la route de Chavagnac, entre en forêt de Magnac, se jette à gauche, saute le ruisseau, va donner du nez dans les grandes coupes et revient sur sa double jusqu’à la route de Chavagnac. Il la refuse, retourne au ruisseau qu’il longe et va se faire battre dans les enceintes fourrées au-dessus du Moulin-de-Rouffignac. Il y fait tête et les chiens marquent les abois.
L’animal repart au bruit, saute le ruisseau à vue, monte jusqu’à la coupe des Gros-Fayards et se rabat brusquement à droite pour aller passer la route de Chavagnac au même endroit qu’à l’aller. Il traverse les bois de Rouffardie puis ceux du Mas-Gandeix et rentre en forêt de Fayat par les fonds des Cluzeaux. Laissant Montaigut à sa gauche, il revient à son lancer, refuse la route de Magnac, se fait battre un instant dans les enceintes de Gadavais et monte dans le grand Tuquet-de-Fayat, se dirigeant sur Puy-Jaillant qu’il ne fait que traverser pour aller sauter la route de Coussac à hauteur de l’étang de Mandé; il se rabat alors sur les Gareillas, passe à la queue de l’étang de Mars et gagne Barabant par les fonds; il monte au grand Tuquet qu’il refuse et prend le débûché sur les bois de Violezeix par la Lande de Lavaud, se jetant à gauche il va aux bois de la Veyssière, traverse ceux de Lavaud et rentre dans Valentin pour descendre au ruisseau et remonter aussitôt dans les enceintes fourrées où il se fait battre un instant; à vue dans les coupes il se dirige sur Lavaud- Bousquet, saute la route et reprend son double par les bois de lavaud, la Veyssière et Violezeix. A vue dans la Lande il franchit le fossé de Barabant, contourne le Tuquet à mi-coteau et gagne les fonds par les coupes ; il remonte alors sur Fayat, va sauter la route de Château-Chervix à la Futaie, traverse les enceintes derrière la maison du garde et vient sauter la route de Magnac ; refusant le coupe-feu, il laisse Montaigut à sa droite et pique sur le Mas-Gandeix par les Cluzeaux; refuse le débuché et vient se faire battre un moment aux enceintes de Cluzeaux revenant aux Mas-Gandeix il finit par débucher sur les boqueteaux et va faire tête dans les bois de Rouffardie. Il s’y fait battre quelques temps et débuche hallali courant, sautant la route de Meuzac au Châtenet suivant la vallée. Au pas, constamment à vue et faisant tête dans les couverts il remonte le coteau. Au bout de 3 km il vient se faire aboyer dans un champ de blé sur le bord de la route de Coussac à Forgeneuve à la hauteur du pont de fer. Il est servi par M. Hubert Jabet après six heures de chasse très vite et sans défauts.
Jean-Claude GAVINET